La crise de la Covid-19 vue par les officines
93% des pharmaciens assument leur rôle de conseil et d’accompagnement auprès des patients. C'est ce qui ressort de cette étude, publiée en début d'épidémie Covid-19 par Pharmed'Insight auprès d'une centaine d’officines. En première ligne, les pharmaciens apportent leur ressenti sur la situation sanitaire depuis le front.
Un total de 2022 pharmaciens titulaires de 108 officines, répartis sur l’ensemble du territoire national, a participé au sondage mené par Pharmed'Insight entre le 12 et le 17 mars 2020. L'étude a pris fin lorsque les mesures de confinement général ont été activées sur l'ensemble de l’Hexagone. En tant que professionnels de Santé, les pharmaciens sont à leur poste et continuent à recevoir une pluie de patients après avoir subi plusieurs pénuries. Il faut dire que la profession est en première ligne face au Sras-Cov 2, ce qui implique diverses mesures, autorisations et recommandations, notamment relatives à la dispensation de médicaments.
Pour les besoins de cette étude, Pharmed'Insight a interrogé les pharmaciens d'officine sur 5 axes :
- Le ressenti des patients perçu par les pharmaciens
- Le ressenti à l’officine
- La disponibilité des traitements
- Les actions du Gouvernement vers les professionnels
- La communication et les actions de l’Ordre des Pharmaciens et des Syndicats.
Une certaine assiduité
L’un des enseignements de l’étude est que la tournure des événements fait réfléchir et sème l'inquiétude chez 56% des pharmaciens concernant la propagation du virus. Mais consciente des risques qu'implique une violente épidémie, une majorité presque incontestable est prête à remplir son devoir de professionnel : 93% des pharmaciens assument leur rôle de conseil et d’accompagnement auprès des patients.
Dans leur quête de bon accompagnement des patients, les pharmaciens sont aussi soucieux de leur bien-être, 56 % estiment alors que les patients sont bien informés. Un accompagnement qui nécessite une veille de l'officine auprès des patients : parmi les pharmacies interrogées, plus d'1 officine sur 2 a estimé que les patients respectaient scrupuleusement les recommandations d’hygiène du ministère de la Santé.
Des questions en suspens
Si 56% ont répondu favorablement aux mesures mises en place par le gouvernement, les officinaux sondés admettent néanmoins plusieurs lacunes en matière de reconnaissance du métier. Une majorité prône davantage de reconnaissance des pharmaciens et préparateurs comme professionnels de santé, autrement dit leur accorder davantage d'implication dans la gestion de la crise. Un avis appuyé en profondeur par Philippe Besset, le président de la FSPF (Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France) : "je vous le demande au nom de nos équipes officinales qui se dévouent au travail: demandez à vos directeurs d’écoles de considérer les préparateurs et préparatrices en pharmacie comme les pharmaciens. C’est une question de santé publique", adressait-il à Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, sur Cnews.
La question de la communication et de la collaboration des acteurs se pose elle aussi lorsque 60% des pharmaciens interrogés avouent ne pas travailler en collaboration plus étroite avec les médecins généralistes des alentours sur la gestion de la crise de la Covid-19.
Un climat d'incertitudes
Avec toutes les péripéties déjà traversées face à cette crise, le doute persiste du côté des pharmaciens d'officine quant au manque de médicaments sur le long terme : 97% rapportent avoir subi de plein fouet la pénurie de masques et 78% des sondés redoutent une pénurie de médicaments. En effet, la situation laisse à réfléchir dans la mesure où les principes actifs proviennent, pour la plupart, de Chine et d'Inde, pays dans lesquels la plupart des médicaments sont aussi fabriqués.
Une profession qui reste mobilisée et soutenue
Malgré l’incertitude liée au risque de contamination des équipes, les pharmaciens restent mobilisés. Ils se sentent dans l’ensemble bien soutenus.
Près de 72 % des répondants estiment que l’Ordre assume pleinement son rôle de régulateur de l’exercice de la profession pendant l’épidémie. Mais une majorité, 56 %, pense que l’instance n’est pas suffisamment écoutée par le gouvernement.
Corentin Nadjar-Leguy